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Je vous propose de découvrir l’UNIVERSAL POLEROUTER

Le lancement de la Polerouter ou Polarouter a eu lieu en 1954.
L’équipage du vol inaugural, de la compagnie suédoise SAS (Scandinavian Airlines System), de la première route aérienne reliant l’Europe aux Etats-Unis via le Pôle Nord est muni d’une Universal Polerouter (Calibre 138) qui résiste aux champs magnétiques du Pôle.

En 1955 Création du Microtor (brevet no 329805), nouveau type de calibre automatique avec masse oscillante intégrée dans le mouvement (Calibre 215).

La montre que je vous présente est muni de ce mouvement. Elle affiche les heures, les minutes et les secondes au centre.
Elle a un diamètre de 34 mm environ et la boite est en acier inoxydable.

Comme souvent, les montres anciennes (vintages) sont passées par les tournevis et les brucelles d’horlogers pour des révisions. L’ennui c’est que souvent ces personnes devaient faire beaucoup de pièces pour gagner leur vie et là, des tournevis mal adaptés qui abîment les vis ou des « dérapages non contrôlés » qui rayent les ponts sont souvent « monnaies courantes ».

L’idéal serait de trouver des montres « neuves de stock », de vieilles pièces qui n’ont pu êtres vendues dans de vieilles échoppes et qui n’ont jamais été ouvertes.

Comme vous pouvez le constater ci-dessous, l’Universal que j’ai eu entre les mains n’avait plus de tige de remontoir, la glace était en piteuse état, le cadran est piqué mais le marquage est encore en bon état et la boite est passablement rayé.

Pendant le démontage, étant donné que j’ai vraiment de la peine à voir des vis abîmées, j’ai anglé les fentes à la lime et repoli la tête sur une plaque de zinc avec de la diamantine.

polissage tête de vis à la plaque de zinc

Lors du remontage je vous ai fais quelques photographies du rouage et du mécanisme automatique.

L’engrenage entre le barillet et le pignon de centre s’effectue via la double roue dorée.

Cette double roue engrène également avec le pignon de grande moyenne (roue tout au-dessus), cette roue engrène avec une autre roue qui entraîne le pignon de seconde au centre.

Le rouage automatique (sans son pont) qui se situe sous le micro-rotor est composé d’un inverseur à translation qui engrène avec une roue à cliquet qui elle est en relation avec la roue d’armage.

Un détail assez intéressant, la limitation du déplacement de l’ancre est effectué par des parois de limitation mais, contrairement à ce qui ce fait actuellement, un fraisage permettait de faire varier légèrement le réglage en, je suppose, insérant une mèche de tournevis pour plier légèrement ces parois.

Le mouvement nettoyé et réglé

Le mouvement obtient un bon réglage avec, dans les positions verticales, une amplitude un peu faible. 
Les différentes positions sont toutes dans l’avance avec une certaine régularité.

Et la pièce terminée, on ne cherche pas dans le cas de ce genre de pièce à lui faire retrouver son aspect original de neuf.
Avant à gauche et après le rhabillage à droite

Un bon nettoyage au bain ultrason, un brossage de la boite et un léger polissage de la lunette permet de retrouver une pièce avec un charme indéniable pour un prix modique.

BILAN

Que pouvons-nous dire sur cette Universal vintage ?

Le mouvement : un mouvement manufacture de très bonne qualité. Le balancier ainsi que la roue d’échappement sont munis d’antichocs, la finition du mouvement n’a rien à envier à certaine production actuelle : côtes de Genève, moulures des pierres et gravage dorés.
Le système microtor Universal fonctionne parfaitement bien et permet d’avoir une montre automatique d’une épaisseur plus faible que les traditionnelles avec le rotor au-dessus.

Le spiral du balancier est un spiral en acier bleu et donc est plus sensible aux champs magnétiques.
Sur ce genre de pièce ancienne le changement du ressort de barillet est presque obligatoire car avec les années il a perdu de sa « force » et donc une perte d’amplitude du balancier; le problème c’est de trouver le bon ressort ou celui qui s’en approche le plus. 
Sur cette pièce, le ressort identique n’était pas trouvable et donc un ressort un peu moins long a été mis ce qui normalement diminue la réserve de marche mais étant donné que c’est une automatique j’ai estimé que c’était acceptable. Ce nouveau ressort est également un peu plus épais ce qui « booste » un peu les amplitudes de cette vénérable montre qui en avaient pas beaucoup avant le changement.
On obtient un réglage tout à fait honnête avec une régularité dans l’avance dans les différentes positions.

Pour une valeur d’achat de 400.- à 700.- CHF vous pouvez avoir une montre de qualité avec un mouvement manufacturé qui vous coûterait facilement 10 à 20 fois plus actuellement. 
Il faudra en plus compter le prix d’une révision de qualité chez un horloger qualifié et accepter d’avoir une montre d’un diamètre de boite, pour celle-ci, qui n’est plus à la mode actuellement mais qui fera le bonheur des petits poignets.

Eric Cosandey