12 min 2 ans 4009

Trouvée dans un vide-grenier, restauration et explications.

Me promenant dans un vide-grenier, je fus attiré par une montre dans une petite boite pleine de choses inutiles.
Une montre passablement abimée par le temps munie d’un bracelet en acier Rolex ! Comme on arrive le distinguer sur la montre sous le verre rayé, il s’agit d’une Record Watch & Cie avec un mouvement automatique. 
Pour 20.-CHF je me suis dis que je ne risquais pas grand chose.

J’ai ouvert le fond et là, passablement de rouille et de vis rayées et comme on peut le constater, la boite a passablement subit les outrages du temps et de son porteur.

Avec une description parue dans le Journal Suisse d’Horlogerie, nous allons étudier le fonctionnement du mouvement.

Caractéristiques : 
9 3/4″ / Diamètre d’encageage 25,95 mm / Hauteur 6,35 mm / Seconde au centre. 
Ce calibre peut être muni d’un indicateur de réserve de marche ou d’un quantième (date dans un guichet) ou des deux dispositifs (indicateur et quantième). 
Fournitures particulières à ce calibre : 
D : roue porte-cliquet directe. 
d = cliquet de la roue directe. 
D’ = roue d’entraînement du mobile direct. 
D’’ = roue-cliquet ou « rochet » du mobile direct. 
E = roue porte-cliquet indirecte. 
e = cliquet de la roue indirecte. 
E’ = roue d’entraînement du mobile indirect. 
E’’ = roue-cliquet ou « rochet » du mobile indirect.

La masse oscillante tourne sans limitation ; elle assure le remontage automatique, quel que soit son sens de rotation. 
Le dispositif automatique complet se sépare facilement du mouvement de base, après l’enlèvement de la vis marquée d’un petit cercle, sur la figure 249, plus la vis proche de la roue D, cachée sur la figure 249, par la masse oscillante.

La masse oscillante (A), avec serge en métal lourd, tourne librement sur un axe dont la base est fixée, par deux vis, au centre du bâti automatique. La tête d’une vis fixée dans l’axe de la masse oscillante, empêche la masse de se soulever et limite son jeu en hauteur.

Un pignon de masse oscillante (B, fig. 250) est fixé sous la masse oscillante, concentriquement à son pivotement.

Le pignon B engrène avec les deux roues porte-cliquet (D et E), faisant partie, respectivement, du mobile d’entraînement direct et du mobile d’entraînement indirect.

Les photos du mouvement ont été faites après la rénovation, à savoir : 
nettoyage du mouvement, dérouillage et polissage des pièces aciers et des vis (avec anglage des fentes de vis)

Les deux roues porte-cliquet sans la masse et de fait, le pignon de masse B

Mobile d’entraînement direct
Le mobile d’entraînement direct se compose :

  1. de la roue-cliquet ou « rochet » (D », fig. 249 et 250) à dents triangulaires, libre sur une bague ajustée sur une « goutte » du bâti (H) ; une vis, fixée dans la « goutte », limite le jeu en hauteur de cette roue ;
  2. de la roue d’entraînement (D’), fixée, grâce à son trou en « demi-lune » (fig. 251) sur l’extrémité du canon, de même forme, de la roue-cliquet (D ») ; la roue d’entraînement (D’) est donc solidaire de la roue D » ;
  3. de la roue porte-cliquet (D), libre sur une « portée » du canon de la roue-cliquet (D ») ; la roue porte-cliquet se meut donc librement entre la roue-cliquet (D ») et la roue d’entraînement (D’) ;
  4. du cliquet à double « bec », en forme d’antre (d), libre sur une vis à portée fixée dans la dans la roue por-cliquet (D)


Lorsque la roue porte-cliquet tourne à gauche, l’un ou l’autre des « becs » du cliquet d (fig. 251) rencontre la partie visant le centre d’une dent triangulaire de la roue-cliquet (D ») et s’y arc-boute, d’où entraînement de la roue-cliquet.

Lorsque la roue porte-cliquet se meut à droite (fig. 252), les inclinés des « becs » du cliquet rencontrent les inclinés de la roue-cliquet (D »).
De ce fait, il n’y a pas arc-boutement entre l’un ou l’autre des « becs » du cliquet et les dents de la roue, mais le cliquet « oscille » simplement lorsque ses « becs » rencontrent les dents de la roue D ».

Sans les roues d’armage avec uniquement le pont d’automatique.

Les deux mobiles entraineurs sans les roues à cliquet

Un détail des cliquets démontés avec une partie plate pour l’entrainement des mobiles

Un gros plan des cliquets qui ont été repolis ainsi que les vis

Mobile d’entraînement indirect 
Le principe même du mobile d’entraînement indirect est identique à celui du mobile d’entraînement direct, mais la direction des dents triangulaires de la roue-cliquet (E ») et la position du cliquet (e) sont « inversés » (fig. 253 et 254), par rapport aux mêmes organes de la roue directe. 
De ce fait, lorsque la roue porte-cliquet indirecte (E) tourne à droite (fig. 253), l’un des «becs » de son cliquet (e) s’arc-boute contre une dent de la roue-cliquet (E »), d’où entraînement de la roue-cliquet et de la roue E’. Lorsque la roue porte-cliquet (E) tourne à gauche (fig. 254). les inclinés des « becs » du cliquet (e) rencontrent les inclinés des dents de la roue-cliquet (E ») et le cliquet « oscille » en passant sur les dents de la roue-cliquet (E ») sans l’entraîner.

Mobile de transmission et mobile entraîneur 
La roue d’entraînement direct (D’) engrène avec la roue du mobile entraîneur (B ») dont le pignon est en prise avec la roue de couronne (Il. fig. 250). Le mobile B » pivote, dessous, dans une pierre fixée au pont de barillet, et, dessus, dans une pierre chassée dans le pont supérieur du dispositif automatique (L). La roue d’entraînement indirect (E’) engrène avec la roue de transmission (B’), dont le rôle est « d’unifier » le sens de rotation du mobile entraîneur (B ») avec lequel elle engrène. 
La roue B’ pivote, dessous, dans le bâti (H) et, dessus, dans une pierre fixée au pont supérieur du dispositif (L).

Fonctionnement
Nous avons supprimé, dans les figures 250 et 255, le pont supérieur du dispositif automatique (L) et sectionné certains organes. 

Lorsque la masse oscillante tourne à droite (fig. 250), le pignon de masse oscillante (B) entraîne les deux roues porte-cliquet (D et E) à gauche ; l’un des « becs » du cliquet d entraîne la roue-cliquet (D ») ; celle-ci communique son mouvement démultiplié à la roue de couronne, par l’intermédiaire de la roue d’entraînement (D’) et du mobile entraîneur (B »), d’où remontage de la montre. 

Les dents de la roue-cliquet (E ») entraînée par le mobile de transmission en sens contraire de la roue porte-cliquet (E’), soit à droite, font « osciller », au passage, le cliquet e, en agissant alternativement sur l’un, puis sur l’autre de ses becs.

Lorsque la masse oscillante se meut à gauche (fig. 255), les deux roues porte-cliquet sont entraînées à droite par le pignon de masse oscillante (B) ; l’un des « becs » du cliquet e entraîne la roue-cliquet E »). La roue d’entraînement (E’), solidaire de la roue-cliquet (E »), communique son mouvement à la roue de transmission (B’) qui entraîne alors la roue B » dans le même sens que lorsque la masse oscillante tournait à droite. 
Le remontage automatique s’opère quel que soit le sens de rotation de la masse oscillante. Durant la rotation à gauche de la masse oscillante, les dents de la roue-cliquet D », entraînée à gauche par le mobile B », alors que la roue-cliquet (D) tourne à droite, font « osciller » le cliquet d, en agissant alternativement sur l’un, puis sur l’autre incliné de ses « becs ».

Lorsqu’on remonte la montre par la tige de remontoir, les dents des roues-cliquet (D » et E ») entraînées respectivement, à gauche pour la première et à droite pour la seconde, font « osciller » les cliquets (d et e), évitant la sollicitation des roues porte-cliquet et de la masse oscillante. 
Cette pièce est munie de deux roues de couronne superposées ; la roue inférieure engrène avec le pignon de remontoir et avec le rochet et la roue supérieure avec le pignon du mobile entraîneur.

Pour assurer l’accouplement des deux roues de couronne, deux goupilles de la roue de couronne supérieure pénètrent dans des trous de la couronne inférieure, mais il n’y a aucun « débrayage » entre ces deux roues.

Démontage
Lors d’une retouche au mouvement ou pour remplacer le ressort de barillet, par exemple, on enlève le dispositif automatique complet (« en bloc »).

Lors d’un nettoyage ou d’une révision, on sépare aisément le pont supérieur (L) du bâti (H), après avoir enlevé les deux vis marquées d’une petite croix, sur la figure 249.

Remontage
Sur le mouvement remonté, mettre en place les mobiles de seconde au centre, par ordre de grandeur, en commençant par le plus petit. Placer le bâti (H) sur le mouvement, puis le fixer, après s’être assuré que les mobiles de seconde au centre engrènent correctement. Mettre en place le mobile de transmission (B’) et le mobile entraîneur (B »). Poser et fixer le pont supérieur du dispositif automatique (L). Contrôler la liberté des deux mobiles.

Monter les deux roues-cliquet sur le bâti, en pratiquant comme suit : poser la bague de pivotement sur la « goutte » du bâti, puis la roue d’entraînement, la roue porte-cliquet et la roue-cliquet, en engageant l’extrémité de son canon, en « demi-lune » dans l’ouverture, de même forme, de la roue d’entraînement. Fixer par la vis. S’assurer de la liberté des roues-cliquet et des roues porte-cliquet. 
Mettre en place la masse oscillante ; la fixer par sa vis. S’assurer du bon fonctionnement de l’ensemble.

Lubrification
Au remontage, lubrifier les pivotements dessus et dessous des mobiles de transmission et entraîneur, avec de l’huile fluide, ainsi que les pivotements des mobiles de seconde au centre-Graisser les pivotements de la masse oscillant et des mobiles d’entraînement avec de la graisse pas trop épaisse.

Lors du remplacement du ressort de barillet, les dimensions suivantes sont recommandées :
Ressort de barillet : 
Hauteur 1,27 mm / épaisseur 0,0975 mm / longueur 260 mm.
Ressort de freinage (Nerfos à double lame) 
Première lame
Hauteur 1,22 mm / épaisseur 0,0975 mm longueur 25 mm.
Deuxième lame
Hauteur 1,22 mm / épaisseur 0,0975 mm longueur 21 mm.

La pièce terminée après rénovation

profil

Une publicité historique de 1953 de la Record Watch

Eric Cosandey