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Dans le haut de gamme, les surfaces visibles de certaines pièces comme les marteaux de répétition, les raquettes, les plaques contre-pivot ou encore et surtout, les ponts de tourbillon, doivent être polies noir.

Le poli noir , préambule

Dans une montre soignée, la plupart des surfaces font l’objet de finitions minutieuses dans le but de capter la lumière de manière idéale en jouant au mieux avec les contrastes.

Dans le haut de gamme, les surfaces visibles de certaines pièces comme les marteaux de répétition, les raquettes, les plaques contre-pivot ou encore et surtout, les ponts de tourbillon, doivent être polies noir.

Le poli noir, appelé également poli miroir ou encore blocage est la touche finale en matière de finitions horlogères haut de gamme.
Il offre un rendu particulièrement spectaculaire au niveau esthétique.

La première phase de cette opération est l’adoucissage. Cette technique rend les surfaces moins rugueuses sans être lisses, avec une brillance atténuée par rapport au polissage.
Différents outils et matériaux, tels que limes, cabrons, brunissoirs ou encore des abrasifs à grains très fins sont utilisés.
Les pointes cristallines de la surface des métaux sont ainsi en partie arrachées et en partie repoussées dans les «creux» par écrasement.

En matière de polissage, la perfection est le poli noir. Il est sans trace, tache ou rayure, aussi petite soit-elle, et produit des effets optiques exceptionnels.

LES CRITERES ESTHETIQUES DU POLI NOIR

Marteaux bruts

Le polissage est parfaitement plat.
Le léger arrondi des angles et les moindres irrégularités de surface sont éliminés.
Les reflets lumineux sont diffusés dans une seule direction.

Selon l’orientation des pièces, ils sont uniformément noirs (1), gris (2) ou blancs (3).

L’appellation de poli noir découle de cet état de surface apparemment noir. Il apparaît ainsi lorsque la lumière tombe parfaitement à la perpendiculaire de la pièce.
Sur un mouvement assemblé, le poli noir produit l’effet d’un kaléidoscope.

Si le polissage conduit à des surfaces lisses et brillantes et limite ainsi les risques d’oxydation, son intérêt est essentiellement esthétique.

Les méthodes

Ce type de finition particulièrement représentatif du haut de gamme nécesite beaucoup de patience , de propreté et d’expérience .

Les méthodes modernes (mécaniques) de polissage comme préparation au poli noir

Les papiers abrasifs

tripode

La pièce collée sur un support à trois appuis (1) est frottée à la main sur des papiers abrasifs recouverts d’une fine pellicule d’oxyde d’alumine (2).

Cette méthode rapide permet d’obtenir un polissage relativement satisfaisant, mais pas de poli noir car la surface n’est pas parfaitement plane.
De plus, les arêtes ne sont pas suffisamment nettes. C’est une excellente préparation au poli noir.

Le rodage

Ce procédé mécanique moderne permet de mettre d’épaisseur, d’adoucir et de polir des pièces par abrasion de leur surface.
Les pièces à roder sont fixées sur un posage effectuant un mouvement de double rotation différentielle sur un lapidaire (3, 4).

Lapidaire

De l’abrasif sous forme de pâte ou de liquide est injecté entre la pièce et le support de rodage.
La géométrie de la pièce étant directement induite par la géométrie du plateau de rodage, il en résulte une extrême planéité.
La rugosité, quant à elle, est précise et constante mais son grain est trop grossier pour le haut de gamme.
Cette technique, avec adaptations successives des disques abrasifs, permet également d’obtenir une belle brillance.
Toutefois, une maîtrise parfaite de la technique et le bon choix des disques et des abrasifs ne peuvent empêcher un léger berçage.

La méthode artisanale

Pas de polissage noir sans une parfaite planéité.

Les méthodes modernes pré exposées — frottement manuel sur papiers abrasifs (2) et rodage mécanique (3, 4) — sont tout à fait satisfaisantes pour obtenir une surface aussi plane que possible.
Elles constituent une excellente préparation à la réalisation du poli noir.

La plaque de zinc

Après obtention d’une belle planéité, le polissage doit être amélioré jusqu’au poli noir. Il est obtenu en frottant la pièce avec un abrasif très fin (la pâte diamant) sur une plaque en zinc (ci-contre) préalablement rectifiée à plat et soigneusement débarrassée de toutes les impuretés qui auraient pu s’incruster dans la matière et rayer la pièce.

Cette opération très délicate demande beaucoup de temps et de savoir-faire.
poli noir noirUn pont de tourbillon nécessite par exemple jusqu’à deux heures de travail.
La pièce doit ensuite être aussitôt montée pour éviter les rayures.

Cette technique artisanale convient donc particulièrement au haut de gamme (petites séries et pièces uniques).

l’Arcap et le maillechort ne sont pas compatibles avec une plaque de zinc. Les pièces de ce type sont donc polies sur oxyde d’alumine.

Les techniques de polissage modernes sont satisfaisantes pour la série et le moyen de gamme.
Dans le haut de gamme toutes les pièces doivent etre reprises manuellement. En effet, le léger arrondi des angles et les irrégularités de surface, aussi minimes soient-elles, génèrent une diffusion des reflets lumineux dans toutes les directions.
Les pièces sont brillantes mais privées de l’effet de lumière plat que procure le poli noir artisanal.

Textes de Caroline Sermier sur l’initiative de Giulio Papi
Août 2007